VOLT : LE DERNIER CHIEN D’UNE LONGUE LIGNÉE DE CHAMPIONS DISNEY

Publié le par DIJON

Au fil des ans, le « chenil » des studios d’animation Disney a produit une lignée de champions – de champions canins plus précisément. De Pluto à Pongo et Perdita, de Dingo à Belle et son clochard… et même Stitch ! Tous descendus de la même lignée, tous créés par de talentueux animateurs, tous membres de la famille Disney des chiens animés célèbres.


Pour la création du film d’animation 3-D Volt, Star malgré lui, première production dirigée de A à Z par John Lasseter (directeur créatif chez Walt Disney et Pixar et conseiller créatif en chef) et Ed Catmull (président des studios Disney et Pixar), l’équipe de Volt, Star malgré lui est donc allée réviser ses grands classiques.


John Lasseter : « Volt, Star malgré lui est le genre de film que j’aime faire, c’est-à-dire, à mon avis, un classique Disney. J’adore Walt Disney et le patrimoine du studio. C’est de là que je viens. J’ai été formé par les « neuf vieux messieurs », tout à la fin de leurs carrières. Ollie Johnston était le dernier d’entre eux à nous quitter. J’ai le sentiment que c’est maintenant notre tour. En fait, nous sommes ce qu’ils ont légué, et c’est en partie pour cette raison que nous essayons de prendre de plus en plus de jeunes sous nos ailes ; de leur transmettre ce qui nous a été transmis. »


Et quel meilleur moyen de le faire que de créer le petit dernier de la ménagerie canine du studio en s’inspirant des champions du passé pour créer un personnage moderne pour les cinéphiles d’aujourd’hui, avec les techniques d’imagerie de synthèse et d’animation 3-D les plus sophistiquées ? Le meilleur point de départ est l’ARL – Animation Research Library – Disney, où l’on trouve tout ce qui concerne les films d’animation du studio, des story-boards aux animations originales et aux pellicules peintes finales de chaque film d’animation produit. (Pour le vrai amateur d’animation Disney, l’ARL pourrait être rebaptisée le « Nirvana de l’animation Disney. ») 


Doug Engalla, l’un des chercheurs de l’ARL, a collaboré avec l’équipe de Volt, Star malgré lui – dont faisaient partie, entre autres, les metteurs en scène Chris Williams et Byron Howard ; le directeur artistique Paul Felix ; le directeur visuel Adolph Lusinsky ; le responsable de l’animation Doug Bennett ; les chef-animateurs pour Volt, Wayne Unten et Renato Dos Anjos ; le chef-créateur de personnages Joe Moshier – pour localiser, étudier et créer des ébauches à partir de chiens animés selon les méthodes traditionnelles, tout en étudiant les toiles de fond et la locomotion animale en général (la distribution de Volt, Star malgré lui compte également des chats, des pigeons et des hamsters). Tout cela a servi à la création, en technologie du 21ème siècle, d’un personnage et d’un monde environnant inspirés des styles d’animation du 20ème siècle… à l’époque où le dessin animé avait un look particulier », explique Engalla.


Naturellement, l’un des premiers arrêts de l’équipe fut La Belle et le clochard (1955). Ce classique, bien que réalisé il y a plus de 50 ans, définit toujours la norme pour le mélange délicat d’animation pour les personnages et d’animation pour la réalité. « On ne verra pas Volt faire des choses que les chiens ne font pas, par exemple pointer du doigt ou se frotter le menton pendant qu’il réfléchit. Quand on regarde La Belle et le clochard, tout est très crédible ; le chien est un chien », commente Wayne Unten, chef-animateur. 

Doug Bennett explique un autre principe suivi à la lettre : « Les personnages animaux ne parlent jamais lorsqu’il y a un visage humain à l’écran. C’est la règle d’or de Disney. »


Cet aspect vrai, réel, croyable, appelé vraisemblance, était crucial pour Walt Disney et les « neuf vieux messieurs », à tel point que deux des neuf – Frank Frank Thomas et Ollie Johnston – ont intitulé leur livre The Illusion of Life (L’illusion de la vie). Dans le monde créé, si un chien est un chien, il doit ressembler à un chien, agir comme un chien et être un chien. Doug Engalla explique : « Donc quand on voit La Belle et le clochard, Les 101 dalmatiens ou Volt, Star malgré lui, on sait que c’est un film Disney parce qu’il y a un fil directeur dans la manière dont l’animation est réalisée. »


Pendant les recherches (et lors de visites ultérieures à l’ARL sur plusieurs mois), l’équipe a étudié d’autres classiques dont Bambi, réalisé en 1942 (pour la scène de la poursuite des chiens et l’anatomie générale des quadrupèdes), Les 101 dalmatiens, réalisé en 1961 (études d’animation et de mouvement), Oliver et compagnie, réalisé en 1988 (croquis et animation), le court-métrage Pigs is pigs de 1954 (où l’on voit des cochons d’Inde – pas tout à fait des hamsters, mais pas loin), et des courts-métrages avec Donald et Pluto (animation et toiles de fond).


Byron Howard, metteur en scène, va jusqu’à dire que le studio pourrait même envisager un chenil : « La raison pour laquelle Disney fait si bien les chiens est peut-être parce les gens y sont très attachés. Et puis il y a quelque chose de tellement vrai dans les rapports que les chiens ont avec leurs maîtres ; un chien ferait n’importe quel sacrifice pour protéger son maître. Je crois que, sur le plan affectif, c’est une base très solide pour bâtir une histoire. Nous avons donc étudié d’autres chiens Disney juste pour voir où Volt trouverait sa place. »


Ayant cherché son inspiration dans le passé, l’équipe voulait également faire en sorte que Volt fasse partie d’une nouvelle « race ». « Il fallait surtout ne pas se contenter de répéter quelque chose qui avait déjà été fait ; le plus important était de trouver la bonne personnalité pour le film et une dynamique juste entre les personnages. Et quand on commence vraiment à se poser des questions – du style qu’est-ce qui marche bien, que doivent faire Volt, Mitaine et Rhino pour que leurs rapports fonctionnent bien à l’écran – et qu’on cherche toujours à aller plus loin et à faire mieux, c’est là, je pense, qu’on finit avec un nouveau personnage spécifique », commente Chris Williams, metteur en scène.


Le monde de l’animation n’est pas le seul à avoir été exploré par l’équipe de Volt, Star malgré lui, pour trouver son inspiration. Le monde réel a aussi influencé les créations. Pour John Lasseter, un film doit comprendre trois ingrédients essentiels : une histoire prenante racontée avec des personnages mémorables et sympathiques dans un monde crédible. Une vérité qui se traduit par « le mouvement doit correspondre à ce qui bouge ». L’équipe a dû utiliser des références visuelles pour ses animaux également. Pour cela, un éminent professeur de biologie de l’université de Californie à San Bernardino lui a donné plusieurs cours sur la mécanique, la structure musculaire et osseuse, le langage du corps et le comportement des animaux. L’équipe a également observé des chiens vivants et regardé des films sur les chiens. Le professeur est revenu plus tard voir comment ses cours avaient été mis en application dans les ébauches d’animation. En fait, les animateurs ont commencé par le comportement de Volt, auquel ils ont ensuite ajouté la performance.


Au départ, le personnage de Volt était vaguement basé sur un berger blanc d’Amérique (une version toute blanche de son cousin allemand), un chien naturellement sûr de lui. Mais le personnage de Volt est aussi un peu naïf, donc quelques libertés ont été prises au niveau de la silhouette, de la forme, des proportions et de la pose, qui ont donné naissance à la personnalité du chien. Les animateurs ont conservé les longues oreilles de la race, trouvant qu’elles étaient un excellent moyen d’exprimer les émotions de Volt. Mais comme la théorie de Darwin, les animaux peuvent évoluer et évoluent – donc pourquoi pas un chien de synthèse ? Selon Doug Bennett, chef-animateur : « À un moment, pensant avoir trouvé notre Volt, on a animé une ou deux scènes… puis réalisé qu’on pouvait en faire plus pour le rendre plus sympathique. Il lui manquait quelque chose. Donc on a pris plus de temps pour réfléchir et voir ce qu’on pouvait faire pour donner plus de charme à ce chien. On a passé beaucoup de temps sur La Belle et le clochard – pour étudier la forme des sourcils, le fonctionnement du museau, la manière dont les oreilles retombent sur le visage, ce genre de choses. Le rapport entre les yeux et le reste de la tête. Ce charme est très difficile à isoler, et personne ne peut vraiment le définir, mais on peut dire si un personnage le possède ou non. Wayne [Unten] a passé tout son Noël là-dessus. »

« Ouais, mais je me suis régalé », s’exclame Unten.

Clay Katis, chef-animateur pour Rhino le hamster, ajoute : « On a changé la forme du visage, la couleur du poil, la couleur et la forme des lèvres, agrandi et arrondi les yeux – autant de petits détails que probablement personne ne remarquerait et qui font une énorme différence. Ensuite, ayant mis l’ancienne version de Volt à côté de la nouvelle, on a été choqués de voir tout ce qu’on avait manqué. »

Donc Volt a fièrement pris sa place de chien de synthèse, les pattes arrière fermement ancrées dans la grande lignée de chiens Disney. Wayne Unten conclut : « En ce qui concerne la technologie utilisée sur Volt, tous les programmes existaient déjà. La différence est dans le travail artistique. »

Source: http://www.fr.waytoblue.com/ 

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